Extraits

Logement du 445 boulevard St-Germain Ouest

Bientôt une vie commune

Heureusement, ma vie de célibataire tirait à sa fin. Bientôt, Nicole viendrait me retrouver et nous amorcerions une vie commune, dans un immeuble abritant huit logements de quatre pièces et demi, situé au 445 St-Germain Ouest, propriété de l’entrepreneur électricien Léopold Tremblay. Nous allions nous installer à l’appartement 4, au rez-de-chaussée. Nicole comptait les jours. Moi je comptais mes sous. Nous avions la vie devant nous.

Vérification de la Falcon pour la fin de semaine

Ah les vaches!

Chaque vendredi, je quittais donc le centre-ville en direction de la paroisse Sacré-Cœur que je franchissais rapidement, puis j’arrivais à Bic où je ne me lassais jamais d’admirer le paysage. Après avoir parcouru une route sinueuse et bucolique, j’atteignais Saint-Fabien, région un peu plus rurale; une bonne portion du chemin où je circulais était alors bordée de grands champs, dont une multitude d’emballages de tourbe trahissaient la vocation.

Je pouvais alors augmenter ma vitesse, car la 132 devenait droite sur une longue distance. Mais quelle ne fut pas ma surprise, lors d’un de mes premiers voyages, de voir surgir au loin une silhouette qui agitait un drapeau rouge vers le bas, me faisant signe de ralentir. Surpris, je crus qu’il y avait un accident. Je freinai passablement et découvris en plein milieu de la route, un cultivateur en salopette et bottes de pluie, bien calme, qui me fit signe d’arrêter complètement. Puis, il se dirigea vers la clôture dont il ouvrit la barrière. Une vingtaine de vaches attendaient là, agitant leur queue dans tous les sens, en signe d’impatience. Aussitôt la voie ouverte, les bêtes se dirigèrent sur l’asphalte où elles marchèrent lentement, comme en rang d’école, en direction ouest, en dandinant leur corpulente stature.

Jean-Marc, son premier patron Claude Lachance et Gilles Bertrand, son collègue de travail.

Une expérience enrichissante

À l’automne de 1970, Gilles Bertrand et moi avions poursuivi notre travail de démarchage auprès des hôpitaux pour offrir notre service de paie mécanisée, un service non réglementé qui nous permettait de sortir à l’extérieur de notre secteur de juridiction en téléphonie. Au début de 1971, nous avons donc pu implanter ce système dans six institutions: l’Hôpital de Matane, les deux hôpitaux de Gaspé (l’Hôtel-Dieu et le Sanatorium Ross), l’Hôpital de Chandler, l’Hôpital St-Joseph de Rivière-du-Loup, l’Hôpital d’Amqui, ainsi que le Sanatorium Bégin du Lac-Etchemin. Gilles et moi devions nous assurer du service à la clientèle, en informant bien nos clients, en faisant part des sources d’insatisfaction et en trouvant des solutions aux problèmes soulevés.

Cette tâche que j’ai effectuée pendant un peu plus de deux ans m’a permis de prendre de l’expérience dans le domaine du marketing, de la vente et du service à la clientèle.

Jean-Marc et Nicole montent à bord de la Oldsmobile 1929

Le mariage

Je garde un souvenir particulier du trajet effectué de l’église vers l’hôtel Carillon sur le boulevard Laurier. À l’abri des regards, sauf la proximité de notre chauffeur, Maurice, et de Louise, ma belle-sœur qui servait de dame de compagnie, nous avions un moment de répit pendant lequel nous pouvions nous regarder les yeux, nous embrasser, échanger sur les émotions du moment. Mais rapidement, le bruit des klaxons vint rompre notre intimité. On pouvait voir à l’extérieur les yeux interrogateurs des conducteurs de véhicules qui nous dépassaient, le visage ébahi des piétons qui semblaient nous envier.

Martin fier de son frère Michel

Fier de son frère

En fin d’avant-midi, je suis allé chercher Martin et je l’ai amené avec moi voir sa mère et son petit frère. Nicole et moi étions bien heureux de le voir assis sur le lit, entre deux oreillers, admirant son cadet qu’il tenait appuyé contre lui. À partir de ce moment, les deux frérots, deux béliers ayant trois ans et trois jours de différence, se sont toujours bien entendus; ils se sont continuellement entraidés et n’ont jamais démontré de signes d’animosité l’un envers l’autre.

Jean-Marc devant le siège social de Québec-Téléphone en 1975

Orientation marketing

À ce moment-là, je croyais avoir trouvé ma niche. J’étais entre autres responsable de la préparation du Plan marketing annuel, ce qui m’amenait à travailler en étroite collaboration avec les directeurs des ventes et à coordonner nos actions visant à promouvoir certains services et secteurs d’activité. Même si on était en situation de monopole, on organisait régulièrement des campagnes de promotion pour motiver les équipes de vente et du service à la clientèle. Ces responsabilités m’amenaient à faire des présentations en région, ce qui favorisait les contacts avec le personnel des bureaux de service et des ventes, aspect du travail que j’appréciais grandement.

Jean-Marc et son groupe du Marketing au milieu des années 80. Sur la première rangée, il est entouré de Marius Truchon, Thérèse Bouillon, Noëlla Rioux et Raymond Castonguay.

Les Apötres de Bachhus

Aujourd’hui, je peux affirmer que je conserve de bons souvenirs des Apôtres de Bacchus. J’ai toujours le goût de m’amuser et j'aime prendre un bon verre de vin à l’occasion et parfois même quand il n’y a pas d’occasion.

Michel et Martin devant le nouveau cabanon

Construction d’un cabanon

Au printemps, dès que la neige fut fondue, je construisis le plancher et montai les cloisons des murs que je recouvris en planches verticales. Puis, vint le moment crucial: l’installation des chevrons. Seraient-ils de la bonne grandeur? Il ne fallait pas que je manque mon coup, car je deviendrais la risée du voisinage. Avec l’aide d’un copain, j’ai réussi à bien positionner la structure du toit et, à ma grande satisfaction, tout s’imbriquait à merveille. Les grands panneaux de contreplaqué furent vite posés sur les chevrons et recouverts de bardeaux de cèdres. Une fois la grande porte principale et le petit panneau du fenil installés, le résultat était excellent. C’était ma plus grande réalisation en menuiserie jusqu’à ce jour. J’en étais bien fier. À ce moment-là, je ne me doutais pas que cette construction, tout comme moi, ferait bientôt bien du chemin.

Michel, Jean-Marc et Martin au canal Lachine

Un réveil magique

Au petit matin, nous nous sommes réveillés tôt au son des oiseaux. Un soleil radieux plombait sur la tente. Les enfants se sont levés pleins d’énergie. Une surprise nous attendait. Derrière la petite rangée d’arbres qui bordait la limite du camping, un immense bateau apparut. Notre site étant situé le long du canal Lachine, on pouvait y voir passer des bateaux, lentement.

- Vite, les enfants, dit Nicole, venez déjeuner. Ensuite on va pouvoir aller voir fonctionner les écluses. C’est tout près.

Ainsi, des vacances qui avaient débuté sur une mauvaise note avaient soudainement pris une tournure heureuse et annonçaient des activités familiales des plus intéressantes. Et au grand bonheur de notre petite famille, de telles expériences allaient se multiplier. À la fin de l’été 1979, satisfaits de notre expérience, nous avons acquis une magnifique tente allemande qui allait nous servir pendant plusieurs années.

Jean-Marc et son équipe; Michel est le premier debout à gauche.

La balle-molle

Un jour après avoir complété l’inscription des jeunes à la balle-molle, j’ai reçu un coup de fil d’Edgar Chapados qui me demandait de me présenter à une rencontre de parents. Il nous expliqua que quatre équipes allaient s’affronter dans la catégorie où nos garçons avaient été classés. Les horaires étaient déjà déterminés, des arbitres identifiés; bref tout était organisé. Il m’annonça alors que je serais l’instructeur de l’équipe des gris dont Michel faisait partie. Pendant tout l’été, je me suis donc rendu au terrain de balle pour superviser le déroulement des joutes et coacher les jeunes joueurs. Mes objectifs étaient de faire participer tout le monde et qu’on ait du plaisir.

Après quelques parties, j’ai réalisé qu’on m’avait confié une équipe paquetée. Michel, un émule de Gary Carter, avait toujours un gant et une balle à la main et me tourmentait pour que je le fasse pratiquer. Frédéric, le fils d’Edgar était parmi les meilleurs joueurs, Claude Nadeau, un pilier comme receveur, Jean-Sébastien Poirier, un très bon lanceur. Quant à Étienne Bilodeau, le fils de Bruno, il était le plus jeune et le plus petit du groupe, mais il était très agressif et rapide; il ne laissait pas sa place et voulait jouer à toutes les positions. Bref, je cherchais des moyens de rendre les parties plus équilibrées, surtout lorsqu’on prenait une avance de 7-0, mais ça ne marchait pas. Même en utilisant Bruno Samson comme lanceur, celui qui était le moins expérimenté de la gang, on gagnait; celui-ci parvenait, avec ses mimiques et son comportement clownesque, à déconcentrer les frappeurs adverses qui se faisaient retirer facilement. J’avais demandé à Edgar si on ne pouvait pas échanger quelques joueurs parmi les équipes pour les équilibrer, mais ça n’a pas fonctionné. Bref, j’ai eu beaucoup de plaisir, mais j’avais hâte que la saison achève, pour mettre ainsi fin au supplice des équipes moins performantes.

Une arrivée traumatisante

Je me stationnai près d’un véhicule déjà en place, probablement celui du propriétaire. À travers un petit lot partiellement défriché trônait une vieille maison de taille modeste à deux étages. À l’avant, deux grandes fenêtres et une porte-moustiquaire donnaient sur une immense galerie sans garde-fou qui s’étendait d’une extrémité à l’autre de la bâtisse. Trois marches y donnaient accès du côté du stationnement. Alors que mon regard se promenait en direction de la porte principale, je distinguai la silhouette d’un gros chien, un setter irlandais, qui se dirigeait calmement en ma direction. Je fus saisi d’effroi. On aurait dit que mon antipathie pour la race canine avait le don de réapparaître dans les moments critiques. Prenant alors ma valise et mon courage à deux mains, je me préparai à affronter le toutou géant, en espérant pouvoir m’introduire à l’intérieur de la maison avant de devenir une loque aux lambeaux de chair pendants.

J’éteignis mon moteur, sortis du véhicule et me dirigeai lentement vers la galerie. J’espérais apercevoir le propriétaire entrouvrir la porte et me souhaiter la bienvenue, tout en avertissant son chien policier de rester tranquille, que j’étais son invité. À chaque pas, mes espoirs s’amenuisaient: la porte demeurait close et le chien, les deux yeux grands ouverts fixés vers moi, ne bougeait pas. Je franchis une marche, puis deux; mes chaussures semblaient être gratifiées de semelles de plomb; mes genoux claquaient; ma valise que je tenais à l’avant en guise de bouclier s’alourdissait. Le setter, qui grommelait, grimaça quelque peu, dévoilant une bave dégoulinante et des canines acérées. J’arrivais au bout de mes forces physiques et psychiques. La fin approchait. Puisant dans l’énergie du désespoir, je soulevai à nouveau mon pied droit qui malheureusement se heurta au niveau supérieur de la marche et me fit perdre l’équilibre. Je m’étalai, de tout mon long, la tête première sur la galerie. Au lieu de me protéger, la valise que je tenais pourtant fermement me glissa des mains et s’aplatit avec fracas sur la surface ligneuse. L’espace d’un instant, j’imaginai le cerbère qui sautait sur moi et m’attaquait de sa bave gluante et de ses dents coupantes.

Au cœur d’un drame conjugal

L’horloge indiquait 23 h 30. Tout était calme dans la maison en ce milieu de décembre de 1982. Nicole venait de se coucher et je me préparais à faire de même. J’arrivais dans l’embrasure de la chambre, lorsque j’entendis cogner à la porte. Surpris, je regardai ma femme qui n’était pas encore endormie.

- Qui c’est ça? dit-elle, stupéfiée. À cette heure de la nuit!

Sans que j’aie eu le temps de réagir, de nouveaux coups se firent entendre, plus insistants. Nicole se blottit au milieu du lit, pressant la pile de couvertures contre elle. À nouveau, les bruits de cognement se répétèrent, mais de plus en plus fort. Un sentiment de frayeur nous traversa.

- Au secours! cria une voix féminine. J’ai besoin d’aide.

Nous étions sidérés, comme dans un demi-sommeil. Rapidement, je me dirigeai vers la porte et tassai le rideau pour découvrir une voisine en état de crise.

- C’est Jocelyne, criai-je à Nicole.

Tenant compte du froid glacial qui nous avait incités à demeurer à l’intérieur pendant une bonne partie de la journée, je m’empressai d’ouvrir la porte et la fis entrer. On faisait face à une situation irréelle. Chaussée de simples pantoufles rembourrés en mouton que sa démarche avait recouverts de neige, notre voisine semblait n’avoir enfilé, pour couvrir sa jaquette, qu’un simple manteau qu’elle n’avait même pas pris le temps de boutonner. Ses cheveux, balayés par le vent, couvraient partiellement un visage rougi, à la fois par le froid, la honte, la peur et la colère.

- Aidez-moi, répéta-t-elle. Jean-Réal est à l’intérieur. Il a un fusil. Il est en boisson. Mon fils de cinq ans est avec lui. J’ai peur qu’il arrive un malheur.

Et elle éclata en sanglots.

Une ressemblance frappante

En me levant, je sentis que les nombreux apéros que j’avais pris faisaient leur effet. J’avais les jambes molles. Je sortis du bar et m’enlignai vers le corridor qui conduisait à la salle de bain. J’avais la vue un peu embrouillée, mais ça ne m’empêcha pas de voir à ma droite la préposée au vestiaire qui m’adressa un sourire. À gauche, je distinguai une porte affichant le dessin stylisé d’une femme. Un peu plus loin, une forme qui m’apparaissait un peu plus allongée identifiait sûrement la porte de la toilette des hommes. Puis, mon attention fut attirée par le profil d’un individu qui se dirigeait directement vers moi. Je me tassai du côté de la salle de bain; l’homme eut le même réflexe. Je fis un mouvement vers la droite pour l’esquiver. Ce fut peine perdue. Nos gestes étaient simultanés. Soudain: Bang! Je frappai le miroir qui se trouvait devant moi.

Une sortie inaperçue

Ayant observé pendant tout l’avant-midi les habitudes de déplacement des employés, je repassai mon plan: je laisserais mon porte-documents, ma calculatrice et mon cahier de notes sur le bureau, ainsi que mon trench-coat bien en vue sur la patère; puis je simulerais une visite à la salle de bain, comme je l’avais fait quelques fois le matin même. Étant donné qu’on était en automne et que c’était plutôt frisquet à l’extérieur, je ne paraîtrais nullement en train de faire une sortie. Si on me voyait me diriger au stationnement, on pourrait penser que j’allais tout simplement chercher quelque chose dans l’auto. Je pris alors une grande respiration et me dirigeai d’un pas lent, mais ferme, vers la salle de bain, puis j’empruntai la sortie.

Faire les photocopies était une affaire de rien. Mais tout au long du processus, j’ai agi avec précaution. Je voulais m’assurer de ne rien négliger, afin d’éviter tout soupçon.

Au retour, après avoir laissé dans mon auto les copies que je venais de me procurer, je me dirigeai lentement vers mon poste de travail. J’étais encore plus nerveux qu’à mon départ. Le personnel s’était-il aperçu de quelque chose pendant mon absence? Dès mon entrée, j’avais l’impression que tous les yeux étaient tournés vers moi. J’avalais difficilement. Pourtant, c’est avec un beau sourire que la secrétaire salua mon passage et c’est avec satisfaction que je retrouvai mon local où je m’empressai de replacer en ordre les pages empruntées.

Le retour du Jedi

Après le souper, à la brunante, nous étions tous assis en rond autour d’un feu de camp, une partie de la journée très appréciée des jeunes, qui n’attendaient que la formation d’une belle braise rouge pour pouvoir déguster des guimauves grillées.

Vers 20 h, on vit arriver le camion d’Henri qui tirait sa roulotte.

- Tiens, on a de la visite, dit Monique, en voyant poindre Fernande, suivie de la chienne Cléo.

« Ah non, me dis-je en moi-même. Je ne l’avais pas prévue celle-là ».

Comme à mon habitude, je croisai les bras et feignis d’ignorer la présence de l’animal. Je supposai que celui-ci pourrait facilement trouver parmi le groupe une personne susceptible de le dorloter mieux que moi. Mais curieusement, au lieu de promener son museau sur chacun des campeurs comme elle le faisait à l’accoutumée, Cléo s’enligna directement de l’autre côté du groupe, qu’elle contourna comme une auto de course qui effectue un dernier tour de piste au ralenti. Puis, elle passa derrière moi; je crus qu’elle retournait près de la roulotte. Je pensais m’en être sauvé. Mais non. Tel un Jedi qui effectue un retour, Cléo ne put faire autrement que suivre son instinct. Elle fit demi-tour et vint apposer sa tête sur ma cuisse comme elle l’avait fait lors du visionnement de la vidéo chez Henri. À ce moment, obnubilé par le comportement imprévisible de Cléo, je n’avais pas vu mes copains dont les regards s’étaient fixés sur moi, observant les comportements de l’animal et ma réaction. Alors, dès que je soulevai les yeux, je constatai un fou rire général qui provoqua des moqueries de part et d’autre pendant toute la soirée.

- Elle est devenue ton amie, dit Marius.

Guy Lebel, Jean-Marc tenant le trophée Diapason, et le ministre des Communications Lawrence Cannon

Reconnaissance de la qualité des messages produits

Le 5 mai 1992, lors du gala Grand Prix Publicité du forum Marketing de Québec, en compagnie de Guy Lebel de l’agence Verge et Lebel, je fus appelé à monter sur la scène du Capitole pour recevoir un trophée Diapason. Celui-ci confirmait que notre campagne publicitaire s’était mérité un prix pour l’originalité et la qualité de ses messages véhiculant les thèmes Le Télécommunicateur et Le côté humain de la technologie.

J’avais obtenu mon diplôme universitaire en marketing en 1970. Par rapport à mes objectifs de carrière, c’était comme si, après 22 années de labeur, avec des employés et collaborateurs passionnés, je venais de gagner une médaille olympique, une série mondiale, une coupe Stanley.

Une situation traumatisante

En compagnie de mes copains d’excursion, j’avais l’impression de participer à la découverte d’un trésor caché au fond marin des Caraïbes. Je me sentais au paradis.

Mais, sans que je m’en rende compte, toute cette magie a disparu. Je me suis soudain senti pris d’un vertige et d’une sérieuse désorientation. Je ne voyais que de l’eau embrouillée et des bulles jaillissant de part et d’autre. J’avais l’impression de tourner en rond. J’aurais voulu trouver un point de repère spatial pour savoir vers où me diriger. Si j’agitais mes palmes et mes bras, je risquais de me diriger davantage vers le bas. Si je restais immobile, j’avais peur que la pression de l’eau me ramène à la surface et cela trop rapidement. « Il ne faut pas que le plongeur remonte plus vite que ses bulles » répétait Mike Nelson. Je me voyais déjà souffrant du mal des caissons, confiné dans une chambre hyperbare. Il me semblait que mes bulles s’orientaient dans toutes les directions. Je commençais à paniquer. J’aurais voulu faire signe à Gaston, au guide. Mais étaient-ils en haut de moi, en bas, à côté? Je ne pouvais le savoir. Je tournais en rond. Je voyais un brouillard et des bulles. Rien d’autre. Je voulais faire des mouvements pour ralentir ma remontée, mais je craignais que mes gestes aient l’effet contraire. Quoi que je fasse, j’avais l’impression d’envenimer la situation. Je fis quelques mouvements des bras, du bas vers le haut, cherchant à ralentir ma montée. La tête me tournait. Les secondes me paraissaient des heures. J’avais l’impression de flotter dans une bouteille de cream soda géante qu’on prenait plaisir à agiter. J’aurais souhaité que le bouchon saute et que je sois éjecté à la surface.

Quelques membres du comité de pilotage. Jean-Marc au centre avec Gilles Levesque à sa droite et Lynda Perreault à sa gauche; à l’arrière: Sylvie Lamontagne, Langis Rouleau, Étienne Turbide et Hugues St-Pierre

La stratégie de service

La démarche reposait sur le fait que si on fait travailler ensemble des employés de différents niveaux hiérarchiques qui mettent en commun leurs connaissances respectives, l’analyse d’un problème ou d’une situation est davantage bonifiée, ce qui accroît la pertinence des solutions proposées. Pendant deux années, je travaillai à relever ce mandat qui m’apporta beaucoup de satisfaction et de motivation. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs fois les différentes bases de travail où avaient lieu des rencontres d’équipes satisfaction et j’ai connu des employés compétents et motivés à améliorer le service à la clientèle. Je constatais la joie qu’ils éprouvaient en examinant les résultats positifs, compilés à partir des sondages.

Cette démarche a porté des fruits et elle a permis à l’entreprise, au début de 1998, de se mériter le prix Mercure dans la catégorie « Service à la clientèle » lors du rendez-vous des Mercuriades organisé par la Chambre de commerce du Québec.

Voir d'autres extraits dans le premier livre: Si vieilesse savait...

Voir d'autres extraits dans le tome précédent: Ado auto boulot