Extraits

Jean-Marc avec Jacques Duplain et Claude Picard sur le pont de l’Île

Arrêt d’autobus

...Juste avant que je tourne le coin, le conducteur immobilisa à nouveau l’énorme véhicule et activa le système hydraulique de la porte-accordéon, produisant le bruit d’air comprimé qui nous plaisait tant habituellement. Cette fois-ci, je ne voulais pas l’entendre. Je ne voulais surtout pas entendre ni regarder le chauffeur. Je le percevais comme La grande faucheuse qui vient annoncer la mort. Mais forcément, nos regards se croisèrent.

- Tu es mieux de faire attention, le jeune; tu l’as échappé belle. Si tu continues comme ça, tu vivras pas vieux...

Jean-Marc, Jean-Claude Savard, Jean-Guy Bélanger et Jean-Guy Breton devant leur tente

Camping sauvage

...je fus très heureux lorsque, vers la fin de l’année scolaire 1961-62, l’école décida d’organiser une fin de semaine de camping. Cette activité devait se tenir sur le terrain des frères des Écoles Chrétiennes qui possédaient une grande résidence sur les coteaux de la paroisse de Saint-Laurent, à l’île d’Orléans. J’y tomberais en pays de connaissance et ça me permettrait de visiter de près les installations de cette communauté enseignante auxquelles on n’aurait pas eu accès autrement...

Jean-Marc appuyé sur l’Oldsmobile 1929

L'Olsmobile 1929

(p.110)

Pendant plusieurs semaines, assis carré derrière le volant de ce véhicule rudimentaire, j’ai pu pratiquer l’art de la conduite automobile, la conduite à transmission manuelle à part ça. En quelques heures de roulement, j’ai réussi à maîtriser la synchronisation de la pédale à gaz avec la pédale d’embrayage, afin d’éviter de la faire glisser ou provoquer des secousses dans la conduite. Rapidement, je devins habile à passer de la première (la petite), à la deuxième, puis à la troisième (la grande vitesse) et au reculons (la renverse), après avoir fait une pause, bien sûr. Puis, en montant dans la côte chez Gaulin, le cultivateur voisin, je multipliais les arrêts, de façon à pouvoir pratiquer les départs dans une pente sans que le véhicule ne recule...

(p.118)

...Contre notre volonté, la porte du dépanneur s’entrouvrit et les deux agents de la Sûreté du Québec se présentèrent. De leur regard glacial, ils dévisagèrent chacun d’entre nous, devant l’air médusé d’Emma, la propriétaire.

- Qui conduit ce véhicule antique?

N’ayant pas le choix, Pierre, qui était au volant ce jour-là, s’avança.

- C’est moi.

- Il n’y a pas de plaques sur ce véhicule?

- Non.

- As-tu ton permis de conduire?

- Non.

- Tu es dans le trouble mon ami. Tu n’as pas le droit de circuler sur la voie publique avec ça...

Jean-Marc ramant à l’arrière du canot au parc Lafontaine

Enfin le parc La Fontaine

...À la moitié du trajet, nous sommes arrivés dans un tournant; craignant qu’on manque de temps, je fis quelques vigoureux coups de rame du même côté que Jacques. La convergence de ces efforts provoqua alors un effet inattendu; le canot bascula, nous entraînant tous les deux dans l’eau; même l’appareil-photo y passa.

Jean-Marc, crinière au vent, au pied de la côte de l’Île

Le scooter de Claude

...Un jour, comme il me l’avait déjà annoncé, Claude m’offrit d’aller faire un tour, chez son oncle, dans Bellechasse. Ça nous permettrait de faire une belle randonnée et il en profiterait pour me présenter ses cousines. Comme un scout, j’étais toujours prêt, d’autant plus que cette excursion me permettrait de revoir un coin que l’on visitait, lors des tournées en auto avec mon père, une dizaine d’années auparavant.

Le camion GMC du garage

Le miroir cassé

...Soudain, je vis apparaître deux gros feux jaunes qui perçaient le brouillard. Je frôlais toujours la ligne blanche, et plus l’autre auto approchait, plus je réalisais que son conducteur empiétait sur le centre, et même davantage. Comme si un duel s’était enclenché entre nous deux. « Il va finir par se tasser, me disais-je. Il va finir par se tasser ». J’avais des papillons dans l’estomac, mon cœur palpitait. Claude restait coi. Nous étions maintenant à quelques centaines de pieds l’un de l’autre. Au dernier moment, même si je considérais être dans ma voie, je donnai un coup de volant vers la droite; mais compte tenu d’un jeu dans la colonne de direction, le camion ne réagit pas et continua son chemin en ligne droite. Les deux véhicules se frôlèrent et nous entendîmes un crac, suivi d’un autre bruit sec, quasi simultané. Je jetai un coup d’œil dans mon rétroviseur. L’autre véhicule, qui avait la forme d’un gros DeSoto de la fin des années 50, poursuivait sa route, sans même avoir ralenti.

L’état de la Corvair accidentée

La corvair Monza

Lorsque le camion recula dans la cour, la vue des dommages nous estomaqua. On s’attendait au pire, mais pas à ça. La Corvair était démolie. La porte complètement arrachée du côté droit dévoilait un siège tordu, sorti de son ancrage lors de l’impact. L’aile arrière, à l’allure d’un chou-fleur, coinçait à l’intérieur le banc des passagers.

- Mon doux, s’écria maman, Nicole? Si à était là, est sûrement morte.

Le véhicule de livraison de UAP

Un été dans une choupette

...De plus, dès que j’eus démarré le moteur, je fus abasourdi par un vrombissement qui venait de l’arrière. Ce fort bourdonnement et la vibration ressentie me donnaient l’impression d’être à l’intérieur d’une vieille laveuse en marche. Je décollai et fit un court essai dans le village. Malgré le bruit assourdissant qui envahissait mon environnement, je m’y sentais en sécurité, un peu comme une tortue à l’intérieur de sa carapace; à mesure que j’en découvrais les qualités, je réalisais que je m’habituerais facilement au maniement de ce véhicule dont la sensation de conduite directe m’impressionnait particulièrement...

Mamzelle Guay

...Lorsque Donat revenait seul, c’était tout un spectacle de le voir monter l’escalier. Il se tenait sur le mur de brique, identifiait la première marche, levait le pied gauche, faisait un demi-tour sur lui-même, et posait à nouveau le pied au sol. Il regardait autour de lui, comme pour mieux s’orienter et se donnait un léger élan par en avant. Il franchissait les deux premières marches et s’agrippait à la rampe, s’agenouillait presque, se relevait difficilement et après une pause, poursuivait son ascension. On le regardait ainsi monter avec difficulté, en l’encourageant par un ouahh! lorsqu’il semblait basculer par l’arrière, ou par un ououu! lorsqu’il penchait vers l’avant. À chaque fois, on se demandait comment il avait fait pour se rendre en haut. Et pour le pauvre, le pire était à venir: le sermon de sa sœur l’attendait de pied ferme à l’intérieur. Et s’il fallait que le malheureux ait fait ses besoins dans ses pantalons, alors, on pouvait entendre jusqu’au coin de la rue les récriminations de Jeanne qui perçaient les murs de la maison.

Le camion Mercury 3/4 de tonne

Le camion vert

(p.319)

...Une surprise m’attendait le premier matin où je me suis présenté au travail. Antoine Bernier inc. possédait deux véhicules pour la livraison: un petit pick-up Ford et un camion Mercury 3/4 de tonne, surtout utilisé pour les transports plus volumineux. On m’assigna le camion 3/4 de tonne.

(p.334)

- Papa, papa, y a encore un camion qui vient de briser notre boîte à lettres, cria, à tue-tête, l’adolescente.

Ce cri d’affolement, ajouté au craquement précédent, me convainquit que j’étais dans le trouble. Nerveux, comme d’habitude dans de telles circonstances, je voulais rapidement constater les dégâts. Après avoir avancé de quelques pieds, j’arrêtai le moteur et je descendis du camion.

- C’est la troisième fois depuis un mois qu’on me brise ma boîte à malle. Vous allez me payer ça.

Ces paroles venaient d’un gros homme, pesant au moins 200 livres, qui s’était approché en courant et se tenait devant moi. Son air agressif et ses bras tatoués qui émanaient d’une camisole jaunie ne m’annonçaient rien de bon...

(p.343)

Comble de malheur, ce que j’appréhendais le plus se concrétisa. Un énorme chien, sorti de nulle part, surgit en aboyant. C’était le gardien des lieux.

Il n’était pas question que je sorte du véhicule s’il n’y avait personne pour m’accueillir. Je tenais trop à ma vie.

J’appuyai alors plusieurs fois sur le klaxon, geste qui ne révéla aucune âme qui vive, sauf le vieux cabot qui se mit à hurler de plus belle et à tourner comme un enragé autour du camion.

Le camion de livraison de Jos Rousseau muni d’un palan pour transporter les moteurs

Débuts chez Jos Rousseau

- Où se trouve le moteur que je dois rapporter?

- Ici derrière, me dit un gros mécanicien en désignant le coin opposé du garage. Approche ton camion, je vais t’aider.

Sans perdre un instant, je reculai mon véhicule le plus près possible du cadavre de métal. Je descendis et m’approchai afin d’examiner la meilleure façon de manipuler le moteur crasseux qui serait bientôt défait à l’atelier.

Le mécano arriva d’un pas rapide et dit, comme pour me défier:

- Pas besoin d’utiliser le chain block. On est capables d’embarquer ça à deux.

Pavillon de l'administration de l'Université Laval

Initiation à l’université

- Oh! Les tomates étaient pas assez mûres? On va corriger ça.

En exerçant à deux mains une pression sur des bouteilles de ketchup flexibles qu’ils avaient dissimulées, ils nous aspergèrent du liquide rouge et collant. Je ne pus m’empêcher de réagir en leur lançant la remarque suivante:

- On pourrait-tu avoir des oignons frits avec ça?

Je n’aurais pas dû, car cette boutade a encouragé les animateurs à peser davantage sur les contenants de ketchup...

Arrêts sur St-Cyrille

- Qu’est-ce qui m’est reproché? demandai-je, en tentant de déchiffrer le papier.

Tout en gardant sa mauvaise humeur, l’homme en uniforme reprit le billet, l’étira de ses deux mains et me dit:

- C’est une infraction pour conduite dangereuse.

Et il me montra ce qu’il avait inscrit, dont la mention « Article 43 du Code criminel ». La vue de ces deux derniers mots me traumatisa. L’agent ajouta:

- Cela vous rend passible d’une amende minimale de 400 $ et même d’un séjour en prison. Vous allez en avoir des nouvelles par la poste. Préparez-vous en conséquence.

Jean-Marc fier de son Acadian 1962 revampée

Ma première décapotable

...Moi qui avais hâte de rouler sur la route 138, monter la côte de la miche, et poursuivre jusqu’aux Éboulements, ma blonde à mes côtés, en entendant Steve Fiset chanter à la radio:

« Dans ma Camaro je t’emmènerai sur tous les chemins d’été...

Dans ma Camaro je t’emmènerai à San Francisco o o o o... »

Au contraire, je me retrouvais là, dans une décapotable, sur le stationnement d’un centre commercial, à attendre. Les minutes passaient. Dix, quinze... Ça me paraissait des heures. Soudain, je la vis arriver avec un sac. On pourrait enfin partir...

Une semaine au Lac

- Je me dirige vers Saint-Félicien. Les hôtels à cet endroit, ça a l’air de quoi? Est-ce que c’est mieux qu’ici?

- Pas mal comme ici. Mais attends. Tu me sembles un bon gars; je ne ferais pas ça pour n’importe qui, mais je vais te fournir une information privilégiée. Tu feras ce que tu voudras. Il griffonna alors une note sur sa carte d’affaires qu’il me tendit.

- Voici le numéro de téléphone d’une amie. Elle s’appelle Marie. C’est une fille correcte. Tu peux la contacter; tu vas passer une bonne soirée et tu n’auras pas de trouble. Dis-lui que c’est Gerry qui t’a donné ses coordonnées.

Jean-Marc devant sa Falcon 1964 décapotable

La Falcon 64

...Au garage de mon père, on vit un jour arriver, tirée par une remorque, une Falcon décapotable de couleur blanche. Le client, un dénommé Loth Vogel, avait raconté son histoire à papa. Son auto avait été vandalisée. On avait mis du sucre dans son moteur qui devait être réusiné chez Bernier-Rousseau. C’est Frank Prévost, le contremaître de l’atelier qui avait recommandé le Garage Labbé au client Vogel.

Voir d'autres extraits dans le tome précédent: Si vieilesse savait...

Voir d'autres extraits dans la suite du livre: Au fil de 33 années… 50 passages inoubliables