Le camion vert
(p.319)
...Une surprise m’attendait le premier matin où je me suis présenté au travail. Antoine
Bernier inc. possédait deux véhicules pour la livraison: un petit pick-up Ford et un camion
Mercury 3/4 de tonne, surtout utilisé pour les transports plus volumineux. On m’assigna le
camion 3/4 de tonne.
(p.334)
- Papa, papa, y a encore un camion qui vient de briser notre boîte à lettres, cria, à
tue-tête, l’adolescente.
Ce cri d’affolement, ajouté au craquement précédent, me convainquit que j’étais dans le
trouble. Nerveux, comme d’habitude dans de telles circonstances, je voulais rapidement
constater les dégâts. Après avoir avancé de quelques pieds, j’arrêtai le moteur et je
descendis du camion.
- C’est la troisième fois depuis un mois qu’on me brise ma boîte à malle. Vous allez
me payer ça.
Ces paroles venaient d’un gros homme, pesant au moins 200 livres, qui s’était approché
en courant et se tenait devant moi. Son air agressif et ses bras tatoués qui émanaient
d’une camisole jaunie ne m’annonçaient rien de bon...
(p.343)
Comble de malheur, ce que j’appréhendais le plus se concrétisa. Un énorme chien, sorti
de nulle part, surgit en aboyant. C’était le gardien des lieux.
Il n’était pas question que je sorte du véhicule s’il n’y avait personne pour m’accueillir.
Je tenais trop à ma vie.
J’appuyai alors plusieurs fois sur le klaxon, geste qui ne révéla aucune âme qui vive,
sauf le vieux cabot qui se mit à hurler de plus belle et à tourner comme un enragé
autour du camion.